PORTRAIT N°14 - NICOLE ABAR
Quand as-tu commencé à jouer au foot ?
À l’âge de 10 ans à la faveur d’un déménagement du centre-ville de Toulouse vers un quartier de la périphérie où il y avait un terrain de football.
Dans quel club joues-tu ? As-tu joué ?
Ton plus beau souvenir de match ? ou de compétition ?
À titre individuel, j’ai marqué beaucoup de buts dans ma carrière mais il y en a un qui a beaucoup de sens pour moi. C’était sur le terrain du club professionnel de Vérone en Italie, qui se trouve être la région d’origine de ma maman et j’ai marqué un but exceptionnel, magnifique techniquement et une énorme revanche pour faire taire mon sélectionneur qui m’avait dit avant le match « toi Nicole ne demande pas le ballon, tu ne sais pas t’en servir » alors qu’à ce moment-là de la saison j’étais en tête des buteuses du championnat de France.Et ton plus beau souvenir hors terrain ?
Le sourire, la joie, le bonheur de toutes les petites filles pour lesquelles j’ai contribué à faire découvrir le football…
Comment as-tu évolué après ta carrière footballistique ?
Comme il n’y avait pas de professionnalisme, j’ai toujours travaillé à temps plein. À la fin de ma carrière j’ai décidé de donner sa place à une ambition dans mon parcours professionnel en devenant cadre, puis cadre supérieur.
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Quelles évolutions as-tu pu constater dans le football féminin depuis que tu as commencé à jouer au foot ?
Elles ne sont plus obligées de se masculiniser pour pouvoir s’exprimer dans cet univers. Il n’y a plus de mépris, la balance penche davantage vers la reconnaissance du droit à jouer et à être regardée.
Dans le jeu, les conditions d’entraînement pour les meilleures se sont considérablement améliorées et les joueuses sont donc mieux préparées, physiquement, techniquement, tactiquement. Pour les plus jeunes, il existe un parcours d’accès au haut niveau avec un pôle France et des pôles espoirs et comme les séniors elles peuvent s’aguerrir dans toutes les compétions internationales. Le football féminin désormais est visible grâce à l’exposition médiatique et cela permet de progresser vers aussi une reconnaissance financière dans la pratique avec des salaires pour les meilleures et une après carrière facilitée grâce à leur notoriété. Cette visibilité permet de mettre en évidence des rôles modèles qui serviront au développement de la masse, préalable indispensable à toute stratégie de développement.
Les filles, les femmes disposent désormais de tenues qui sont adaptées à leur morphologie, elles n’ont plus à commander à la maison maire d’une marque la pointure 38 pour une paire de crampon car cela n’était pas vendu dans les magasins de proximité à mon époque….
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Tu as fondé en 1997 l’association Liberté Aux Joueuses – L.A.J. peux-tu nous en dire davantage sur les missions et les actions de l’association ?
L’association se destine à sensibiliser les adultes et les enfants à la transmission des stéréotypes de genre et des conséquences en termes de handicap que cela produit tant pour les filles que pour les garçons. Elle porte des projets de terrain directement avec un focus sur la motricité et l’espace, et elle contribue à cette prise de conscience dans de multiples évènements ou dans le cadre de la mise en œuvre d’action en faveur de l’égalité femmes-hommes dans les entreprises.
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Après avoir travaillé en collaboration étroite avec les institutions, tu es désormais entrepreneure. Quel message voudrais-tu passer aux femmes qui ont un projet mais n’ose pas se lancer ?
Si je n’avais pas accepté par politesse de rentrer sur le terrain pour jouer au football, alors que je n’avais jamais touché un ballon, je n’aurai jamais su que j’étais douée et cela a complètement changé ma vie. Oser aller là ou on ne se pense pas légitime c’est prendre le risque de ne pas aller au bout de l’objectif mais ce n’est pas pour autant que c’est un échec, mais c’est surtout prendre le risque de se découvrir et de surprendre.
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Quand on t’a proposé d’être marraine de l’opération Octobre Rose auprès d’ALKÉ, quels sont les éléments qui t’ont donné envie de participer à cette action ?
Le fait qu’une marque se focalise sur la création de tenues sportives pour des femmes qui soient adaptées à la pratique, fonctionnelles et esthétiques, c’est tout ce que je n’ai pas eu quand j’étais joueuses. Alors c’était une évidence pour moi que de supporter et encourager cette initiative.
Il y a aussi la dimension « octobre rose », opération à laquelle je suis très sensible car le cancer du sein tue plus que l’on ne croit et j’aime que de belles énergies positives viennent donner de l’espoir dans le parcours que nous avons à faire individuellement et collectivement pour gagner cette bataille.
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Pour finir, quel est ton rêve ?
Sur le plan du football, mon rêve aurait été de participer à toutes les compétitions internationales avec l’équipe de France mais à l’époque elles n’existaient pas. J’aurai adoré être sélectionneur d’une équipe nationale française ou étrangère mais à l’époque c’était quasi impossible. Enfin, encore un rêve qui restera toujours un rêve : être professionnelle de football.
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S’il y a autre chose que tu souhaiterais nous partager c’est ici:
Le football m’a tellement apporté et donné que je lui serais redevable jusqu’à la fin de ma vie. Jouer au football aura été un tel bonheur que je veux le faire partager au plus grand nombre et j’espère que plein de petites filles pourront en profiter…
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Dans le cadre d'Octobre Rose, retrouvez Nicole Abar lors de notre conférence digitale le mercredi 20 octobre 2022 à 18h30
Inscription ici : https://www.besport.com/event/7046228
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