8 mars 2021

Journée internationale des droits des femmes

Football

La Journée du 8 mars est l’occasion chaque année de faire le bilan des avancées en matière de droits des femmes et notamment celui d’un droit qui pour nous est fondamental, le droit de jouer pour toutes. Ainsi, en tant que marque engagée dans le développement du sport féminin, en particulier du football, nous voulions revenir sur cette année un peu particulière... 
Depuis près d’un an, le football, et plus généralement le sport, est composé d’incertitudes. La pandémie a marqué un véritable coup d’arrêt au développement du football féminin, le reléguant encore au second plan.
L’arrêt du sport a fragilisé le football amateur, en particulier le football féminin
En mai 2020, après deux mois d’incertitudes, la FFF décide officiellement de clôturer la saison 2019-2020 de la D1 féminine (1). L’Olympique Lyonnais est alors titré pour la 14ème fois d’affilée. Cet arrêt fragilise le football, qu’il soit professionnel ou amateur.

D’après une étude de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels, dans près de la moitié des pays couverts par l’étude, les salaires des joueuses professionnelles ont été réduits ou suspendus (2). Au sein de l’élite du football féminin français, on décompte 250 joueuses. Beaucoup d’entre elles ont été mises au chômage partiel, voyant ainsi leur salaire diminuer.

Face à ces difficultés, des plans de relance et de soutien au football masculin et féminin ont été actés par la FIFA et la FFF. La FFF a notamment créé en juin 2020 un fonds de solidarité de 30 millions d'euros, avec une aide spécifique de 6 millions d’euros dédiée aux clubs féminins de  D1. Une bonne nouvelle qui a cependant montré les limites de la politique de développement du football féminin. La répartition initiale de cette aide était totalement inégalitaire, favorisant les clubs adossés à une structure professionnelle. Les clubs amateurs ont dû menacer la Ligue de faire grève afin de revoir la donne. Ils ont obtenu gain de cause quelques mois après, et l’enveloppe globale a été élevée à 8,7 millions d’euros (3). 
“Un cap symbolique franchi mais un retard français en termes de féminisation”
En mars 2020, un cap important a été franchi en France, le nombre de licenciées ayant atteint la barre symbolique des 200 000 licenciées, soit une croissance de 128% en 8 ans. Cet essor risque toutefois d’être ralenti par la crise sanitaire. D’après les chiffres publiés, la crise a entraîné une baisse du nombre de licenciés FFF (hommes et femmes confondus) de 3% (une baisse bien moins importante que dans d’autres sports collectifs qui a été en moyenne de 9,4 % tout sport confondu)(4).
La Fédération Française de Football, qui pendant près de 30 ans avait interdit la pratique du football par les Femmes, œuvre activement depuis 2011 à la féminisation de ce sport. On recense aujourd’hui 9000 équipes féminines affiliées à la FFF, soit 2 fois plus qu’en 2011. Aujourd’hui, 4 clubs sur 5 accueillent des équipes féminines. Les dirigeantes sont au nombre de 36 805 et il y a 1 140 arbitres féminines. 
Malgré ces avancées, le taux de féminisation du football est de 9%, bien loin encore de ceux des grandes nations européennes (Allemagne (15,5 %), Angleterre (27,5 %) ou Suède (38,4 %)) (5).
Une chose est sûre, malgré les avancées et une équipe fanion qui rayonne partout dans le monde, le football français a encore beaucoup de chemin à parcourir et de frustrations à combler. On l’a rappelé, cette année a été extrêmement compliquée, mais l’heure est aussi à l’espoir, en France comme à l’étranger.

Mesures en faveur du congé maternité
La FIFA a annoncé des mesures afin de faciliter le congé maternité des joueuses de football professionnelles. Un sujet crucial pour la carrière des joueuses. Aujourd’hui, trop souvent les joueuses doivent faire un choix : jouer au foot ou fonder une famille. Pour que ce choix n'ait plus à exister, la FIFA souhaite que les joueuses puissent vivre une grossesse tout en ne mettant pas en danger leur carrière.
Ainsi, 3 mesures ont été mises en place :
- Le congé maternité obligatoire de 14 semaines minimum, rémunéré au minimum aux deux tiers du salaire
- La réintégration obligatoire dans le club à la suite de la grossesse avec un suivi médical et physique adapté
- La protection des joueuses contre tout désavantage lié à la grossesse (6)

Égalité salariale dans le football tour d’horizon des avancées
En 2017, la Fédération de Football Norvégienne annonçait l’égalité salariale entre les sélections féminine et masculine. L’Australie, souvent pionnière en matière d'égalité, faisait de même en 2019, tout comme la Finlande. 
En 2020, la Fédération Brésilienne; la Fédération Anglaise ont à leur tour acté que les joueuses gagneront dorénavant autant que les hommes en sélection. En Suède, à l’automne 2020, c’est l’équipe nationale masculine qui a refusé d’être payé pour soutenir l'équipe féminine sur l'égalité salariale.
D’autres combats restent quant à eur ouverts. Les joueuses Américaines, sacrées pour la quatrième fois lors de la Coupe du Monde 2019, ont attaqué en justice leur Fédération pour discrimination salariale en mars 2019. En mai 2020, dans un jugement en référé, elles ont été déboutées de leur principal demande concernant l’égalité salariale par le juge Gary Klausner arguant que les plaignantes avaient refusé, à une date non précisée, un accord qui leur aurait permis d'être payées équitablement avec les joueurs de l'équipe nationale masculine. (7) Le montant en jeu s’élevait à 66 millions de dollars correspondant aux disparités entre les primes distribuées par la Fifa lors des Coupes du monde masculine et féminine, en vertu de la loi sur l'égalité de rémunération et de la loi sur les droits civils.
Megan Rapinoe tweetait alors "We will never stop fighting for EQUALITY." / Nous n'arrêterons jamais de nous battre pour l'EGALITE". Un appel de la décision avait alors été formé.

Mara Gomez, première femme transgenre à disputer un match professionnel
Mara Gomez restera à jamais dans l’histoire du football. En effet, cette argentine de 23 ans est devenue en décembre dernier la première joueuse transgenre à disputer un match de football professionnel. Évoluant au sein du club de Villa San Carlos en Première division Argentine, la joueuse avait pu dès 18 ans modifier les informations sur sa carte d’identité. L’Argentine est l’un des pays pionnier en Amérique Latine concernant l’identité sexuelle, le pays ayant adopté une loi à ce sujet en 2012. (8)

Stéphanie Frappart, l’ascension fulgurante
Stéphanie Frappart connaît une ascension fulgurante. En 2014, l’arbitre de 37 ans devient la première femme à arbitrer un match de football professionnel masculin. Elle ne cessera par la suite de battre des records. En effet, en 2019, elle arbitre un match de Ligue 1 faisant d’elle la première femme à arbitrer un match de Ligue 1. Fort logiquement, elle est sélectionnée pour faire partie des arbitres de la Coupe du Monde féminine 2019, et est désignée pour arbitrer la finale le 7 juillet 2019 à Lyon. En décembre 2020, Stéphanie Frappart rentre un peu plus dans l’histoire en arbitrant son premier match de Ligue des Champions masculine. L’arbitrage français a de beaux jours devant lui !

Les droits TV en nette progression
Après le succès et la couverture médiatique sans précédent de la Coupe du Monde 2019, le football féminin ne cesse d’attirer les diffuseurs et les droits TV ont le vent en poupe. La preuve en est, la D1 féminine (premier championnat européen en matière de droits TV) est depuis cette saison diffusée à l’international. La FFF a en effet signé un accord de partenariat avec des chaînes aux États-Unis (ESPN), au Royaume-Uni (BT Sports), en Allemagne (DAZN) et en Italie. 
x2,5!  Les diffuseurs de la dernière coupe du monde que sont les groupes Canal + et TF1 diffuseront à nouveau l’Euro féminin 2021, pour lequel les droits TV ont été multipliés par 2,5 par rapport à l’Euro 2017 (13 millions € en 2021 contre 5 millions € en 2017). Même si cela apparaît comme minime par rapport aux droits TV du football masculin, force est de constater qu’enfin le football féminin intéresse les diffuseurs. (9)

L’Olympique Lyonnais féminin encore plus dans l’histoire

7.

7 comme le nombre de titres de Ligue des Champions remportés par l’OL féminin. Vainqueur de Wolfsburg sur le score de 3-1 en août 2020, les coéquipières de Wendie Renard remporte pour la 5ème fois d’affilée la Ligue des Champions. L’OL féminin est le club français de sport collectif, toutes disciplines confondues, qui possède le plus important palmarès européen.

Football féminin et cinéma
L’Olympique Lyonnais justement a fait l’objet d’un documentaire : “Les Joueuses #Pas là pour danser”. Sorti en 2020 et réalisé par Stéphanie Gillard, le documentaire retrace la saison 2018-2019 de l’Olympique Lyonnais, qui réalise cette saison-là le triplé Championnat, Coupe de France, Ligue des Champions. La pionnière du foot féminin en France Marinette Pichon apparaîtra elle aussi sur grand écran. En effet, la réalisatrice Virginie Verrier va, pour son deuxième long métrage, adapter la vie de cette icône du football français, longtemps restée meilleure buteuse de l’Equipe de France. 

La création de nouvelles équipes phares et ligues féminines
L’année 2020 a vu la création de nouvelles équipes féminines de renom. Après 118 ans d’existence et le palmarès européen le plus important, le Real Madrid a créé en 2020 son équipe féminine, après le rachat de l’équipe féminine du CD Tacon. Un projet galactique.
Aux Etats-Unis, la franchise Angel City va voir le jour début 2022 et intégrera la NWSL. Dirigée entre autres par Nathalie Portman, Jessica Chastain, Eva Longoria ou Serana Williams, Angel City est le premier groupe propriétaire d’une franchise dirigée par des femmes. Une équipe qui portera un jour les couleurs d’ALKÉ ?
Au Japon ce n’est pas une équipe mais bien une ligue qui va voir le jour. La Women Empowerment League va devenir la nouvelle ligue professionnelle de football féminin au Japon. La particularité de cette ligue est que chaque équipe doit avoir au minimum 5 joueurs sous contrat professionnel non soumis à un plafond salarial. 

Conclusion
Le football féminin a ainsi connu de belles avancées. Et plus généralement le sport féminin qui poursuit au fil du temps sa progression. En attestent les JO 2024 qui seront les premiers à offrir une parité totale entre les hommes et les femmes. Malgré cela, la Covid rappelle que ce développement est fragile, et qu’il reste encore de nombreux terrains à conquérir pour un football plus égalitaire et où chacun et chacune trouvent leur place. 

(1) L'Équipe, Coronavirus : la FFF acte la fin de la saison en D1 féminine et National 1, 28/04/20

(2) FIFPro, Global survey shows ongoing impact of Covid-19 pandemic on womenfootballers, 11/11/20

(3) Le Parisien, Football féminin : répartition des 6 millions d’euros d’aide, les clubs «amateurs» de D 1 et D 2 ont été entendus, 9/10/20

(4) Le Sport au Féminin, Covid-19 : Le sport français fragilisé par la chute du nombre de licenciés, 15/11/20

(5) Fondation Jean Jaurès, La Covid a-t-elle tué le football féminin ? 10/09/20

(6) Franceinfo, La Fifa va imposer un congé maternité pour les footballeuses, 19/11/20

(7) L’Equipe, Etats-Unis : les joueuses déboutées par un juge dans leur demande d'égalité salariale, 02/05/20

(8) Courrier Interntional, La footballeuse transgenre Mara Gómez dispute un premier match historique en Argentine, 08/12/20

(9) Women Sports, “Les droits du foot féminin explosent : TF1 et Canal + achètent l’Euro-2021”, 23/02/21

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