À LA RENCONTRE DES PIONNIÈRES DE REIMS
Une journée en immersion au cœur du club qui a fait revivre le football féminin français.
C’est grâce à Mélina Boetti et notre partenariat avec le projet Nous-mêmes, dont nous vous en diront plus bientôt, que nous avons été plongés l’espace d’une journée au cœur d’un club un temps oublié et pourtant pionnier, le Stade de Reims. L’équipe féminine qui évolue aujourd’hui en D1 féminine porte en elle un passé qui la pousse à ne jamais rien lâcher.
"On peut tout pardonner on peut faire des erreurs, en revanche on ne peut jamais abandonner"
Ne jamais baisser les bras et retourner quoi qu’il arrive au combat, telle est la devise d’Amandine Miquel depuis 6 années l’entraîneuse de l’équipe de Reims.
La solidarité, le plaisir de jouer et partager, voilà ce que nous avons ressenti ce jour-là où Reims rencontrait Saint-Étienne au cours d’un match à haute intensité, en attente de l’ouverture du score. « Vous verrez à partir de la 70ème elles vont marquer » nous confiait Amandine Miquel. Chose promise chose due, Reims l’emporte au grand damne des supporters stéphanois.
Préparation match Stade de Reims - AS Saint Etienne
Ghislaine Royer, Mélina Boetti, Isabelle Musset et Renée Delahaye
Il faut dire que quand on joue à Reims, il faut faire honneur à l’histoire. Car dans ce récit, nous oublions peut-être l’essentiel, notre rencontre un peu plus tôt avec les pionnières, celles qui se sont battues pour l’accès à toutes au terrain. Et parmi elles, nous avons eu l’honneur et le plaisir de rencontrer 3 d’entre elles: Ghislaine Royer alias “Gigi”, Isabelle Musset et Renée Delahaye qui nous ont raconté les prémisses de la renaissance du football féminin.
L’histoire a commencé en juin 1968. Le journaliste Pierre Mauroy cherchait alors une animatrice pour la kermesse annuelle de la ville. Après le lancer de nains, il décide d’organiser un match de football féminin. C’est dire la considération de ce sport à l’époque. Il passe alors une annonce dans les journaux. Plusieurs joueuses y répondent, des sportives ayant pratiqué ce sport ou non. Elles ne se doutaient pas, tout comme Pierre, qu'elles allaient tellement se prendre au jeu qu’elles ne pourraient plus s’arrêter et partir à la conquête de monde du football avec une équipe qui deviendrait bientôt l’équipe de France féminine de football.
Difficile pour ces femmes de se faire une place dans ce milieu comme dit Isabelle Musset «à l’époque, les femmes ne pouvaient pas faire de sport comme elles voulaient, (...) le seul sport qui existait c’était la gym, un peu d’athlétisme, la natation, et puis le basket, le sport n’était pas féminisé, c’était la chasse gardée des hommes ».
“Pouvoir pratiquer le foot, pour nous c’était aussi une manière de dire, on a envie de faire les mêmes sports que les garçons, c’était pas militant c’était qu’on avait envie de pouvoir pratiquer un sport”
Et pourtant sept ans et 260 matchs après, les rouges et blanches ne se sont inclinés que 21 fois dans le monde entier.
La consécration arrive en 1971, les pionnières deviennent championnes du monde d’une compétition encore non-officielle. La première compétition officielle sera lancée 4 ans plus tard en 1975.
C’est également en 1971, que le championnat de France est créé et ce sont évidemment les pionnières qui le gagnent la première année. Durant les 6 saisons qui suivent, les rouges et blanches remportent 4 fois ce championnat.
Leurs nombreux titres sont notamment dûs à leur cohésion comme le dit Michelle Monier « nous étions une équipe de copines. Quand il y en avait une qui tombait, il y en avait toujours une derrière…».
Pour beaucoup de joueuses, le plus dur était les remarques sexistes. Les joueuses nous en rapportent quelques-unes: « les filles, on veut bien les voir, mais dans le vestiaire ou dans la douche » ou encore « Va raccommoder tes chaussettes ». Ces pionnières ont dû tacler de nombreuses critiques et préjugés pour qu’aujourd’hui des femmes et des enfants fassent de ce sport une passion ou même un métier.
C'est en hommage aux rémoises que nous avons nommé notre maillot manches longues le maillot "Gigi".